vendredi 11 juillet 2008

François Chenet, un philosophe prodigieux

Suivre un cours du philosophe François Chenet à l’Université Paris IV-Sorbonne s’est avéré un événement marquant pour moi.

À mes yeux, il incarne ce qu’il peut y avoir de plus grand chez les philosophes.
Emporté par une passion bouillonnante, un tempérament par moments fougueux ou calme, une inspiration prodigieuse, la philosophie l’habite intégralement. Si je puis me permettre, j'emprunterai ici les mots de François Ewald à l’égard de Michel Foucault (voir l’article ¨La philosophie comme acte¨ dans le numéro 435 du Magazine littéraire) qui s’appliquent selon moi à François Chenet :
¨Sa vie est philosophique par sa manière d’habiter le présent. Il connaît sans doute peu le repos. À le voir aller, sa lucidité semble lui interdire toute somnolence.¨

Son ambitieux projet de faire reconnaître ¨qu’il y a bel et bien eu ailleurs qu'en Grèce une autre naissance de la philosophie¨ est pour moi digne d’admiration. À l’ère de la mondialisation, son ouverture au monde et à la culture de l’Inde est exemplaire et elle a été contagieuse pour moi et de nombreux autres.

Un jour, s’adressant à nous, étudiants de la Sorbonne, il a affirmé avec justesse :
¨le cours de philosophie indienne est un complément de formation avec une ouverture sur d’autres univers de pensées qui vous permet de soulever la chape de plomb du philosophiquement correct. Vous pourrez enfin écarter les œillères théoriques. Avoir la curiosité d’ouvrir une fenêtre n’engage en rien.¨

Et rassurant les étudiants plus récalcitrants, il précisa :
¨dès l’an prochain, vous reviendrez à votre bonne vieille philosophie occidentale. Vous referez du Husserl à haute dose.¨

Voici un avant-goût d’une conférence de ce grand philosophe, qui aura lieu le 20 janvier 2007 à la Sorbonne (j’aurais vraiment souhaité y être) :
¨L'Inde a fait preuve, dans les différents domaines de la pensée philosophique, esthétique, littéraire, comme aussi dans le domaine des modes d'organisation de la vie sociale et des diverses techniques de la civilisation matérielle, d'une originalité puissante, de sorte qu'il n'est pas une branche de la philosophie, de l'épistémologie ou un domaine des sciences humaines, telles que nous les concevons et telles qu'elles fleurissent de nos jours en Occident, qui puisse se dispenser d'étudier la manière dont l'Inde a abordé sa problématique. Les philosophies de l'Inde représentent une des réalisations majeures de l'esprit humain : nul doute qu'elles ne rivalisent en aperçus pertinents avec la philosophie grecque et la philosophie occidentale tout entières. C'est dire l'intérêt des doctrines philosophiques qui sont nées sur la terre de l'Inde : il y a ailleurs que dans notre lignée des principes heuristiques qui enrichissent l'expérience humaine, et qui sont de nature, en nous aidant à considérer les "éternels problèmes" sous des angles nouveaux, à renouveler l'élucidation des questions dernières de la métaphysique classique - celles qui ont trait au moi, au monde et à Dieu.¨ (Citation de François Chenet)

La ¨performance scénique¨

¨Une pièce de théâtre, un spectacle ou une arabesque nous captive, nous aliène, et peut-être nous engloutit comme une araignée, nous ensorcelle au point de nous faire oublier qu’il s’agit d’un jeu.¨

Le Bougisme



Ça y est ! C’est le bougisme ! V’la encore le bougisme ! Vous savez, Pierre André, l’intellectuel, a forgé ce vocable que j’aime beaucoup : le bougisme. Alors, je veux bien que ce soit le carnaval, les rituels de printemps, les … estudiantins. Anthropologiquement (c’est vraiment le printemps), depuis la nuit des temps, il y a toujours des rites collectifs, toutes sortes de défouloirs collectifs. Ça fait partie de la gestion collective de l’existant, ça fait partie de l’anthropologie des sociétés, mais néanmoins c’est du bougisme !
Avec évidemment, le tam-tam électronique.
Il y a d’autres sortes de musique que le tam-tam électronique.
Voyez ? Par-delà la diversité infinie des styles et des modes musicaux (il y a des milliers de styles musicaux possibles), il n’y a qu’une seule définition possible de la musique.
Quelle est-elle ?
C’est l’expression musicale de l’harmonie intérieure de l’âme, car évidemment, il faut toujours une âme. Ce n’est pas votre serviteur qui le dit.
Une fois que vous avez compris ça, vous avez tout compris.

David Copperfield, le magicien superstar



Dans un magazine grand public, on peut lire : « David Copperfield (l'une des figures du Music-Hall à New York), le magicien superstar qui parvient à s'élever au-dessus de sa moto ».
Il est inévitable de dépoussiérer cet art, de détruire l'image du magicien en cape noire et chapeau haut de forme, etc., etc.
Le spectateur qui va se rincer l'oeil (j'use volontairement d'un langage, d'une connotation un peu vulgaire. Bien sûr, il n'y a pas de connotation sexuelle).
Le spectateur qui va voir des spectacles de magie dans un music hall, il n'est pas simplement là pour se distraire, voir le jeu de l'illusion, assister à l'illusion dans sa positivité même…Il est là pour être témoin de la fécondité de l'illusion.
Ce n'est pas rien ! Par-delà le spectacle du divertissement, les tours de magie pourraient même conduire à une vérité sur la condition humaine elle-même…